Cours d’Herméneutique (partie 3)

Réglés générales de l’herméneutique: La prose

Un tiers et demi, donc près de la moitié de la Bible, est écrite en forme de narrative. Le risque est toujours, soit de rester dans l’histoire et oublier l’application, soit de chercher l’application en délaissant l’histoire et son contexte.

  • Le sens d’un passage est le sens qui est en accord avec le sens du contexte littéraire où il se trouve.

  • Le contexte nous donne:

  • La « ligne de pensée » de l’auteur: La ligne de pensée est la série d’idées rattachés logiquement, dans laquelle un auteur organise son discours. L’ignorer est contredire et ignorer la pensée de l’auteur. Le point de vue ou perspective permet de trouver le climax, aussi bien que les épisodes et l’intrigue.

  • La bonne signification des mots: Les mots ont souvent plusieurs significations (La mère du maire est en mer; La reine tenait les rênes du renne). Il y a de l’incomprehension lorsque le contexte littéraire est vague ou quand plusieurs sens sont possible pour un mot.

  • Une correcte relation entre les sections du texte: Au temps de la Bible, la division des chapitres (Hugo de Sancto Caro 1244 ou Stephen Langton 1228) et versets (Ben Asher, 900 après J.C. pour l’AT, Robert Estienne 1560) n’existait pas. En général, un livre a un sujet général divisé en parties (même dans le livre des proverbes).

  • La scène: La place en particulier, les circonstances et le moment. La scène change lorsque ces paramètres changent. En général, une scène a deux caractères. Dieu est souvent un des personnages.

  • Les dialogues : Ils nous permettent de trouver un moment important du récit. Ils nous permettent d’élucider la trame du récit.

  • La structure et les figures rhétoriques:

    1. La répétition: Pour donner une certain emphase (ex. 1 R 19:9, 13). Elles résument le récit avant d’aller à une autre étape.

    2. L’inclusion: Pour marquer le début et la fin d’une section (ex. Ex 6:13, 26-27).

    3. Le Chiasme: Structure des versets ou des chapitres.

 

Chiasme de Daniel 5:

A La fête du roi (vss. 1-4)

        B Graffiti sur le mur (vss. 5-9)

              C L’exhortation de la reine (vss 10-12)

                   D Belchatsar consulte Belchatsar (vss. 13-16)

              C’ L’exhortation du prophète (vss 17-24)

       B’ Le sens du graffiti (vss. 25-28)

A’ La mort du roi (vss. 29-30)

Le contexte littéraire

Principes de l’herméneutique concernant le contexte :

  1. Chaque phrase doit être comprise selon le sens naturel du contexte littéraire où il se trouve. Les mots sont importants mais le contexte l’est d’avantage.

  2. Un texte sans son contexte n’est qu’un prétexte. Ceci nous met en garde contre tout texte preuve. Il faut toujours vérifier le contexte avant de citer un verset.

  3. Plus le texte d’étude est petit plus grandes sont les chances d’erreur.

Les cercles du contexte

 

 

  1. Le contexte immédiat: Ce sont les versets qui précèdent et que suivent un passage. Le but étant de trouver le thème et la structure du passage.

    • Le thème: Il n’est pas toujours facile de trouver le thème d’un passage. Le bon résumé de thème est cours et précis.

    • La structure: Il s’agit de trouver, comment l’auteur organise le matériel. Il faut déterminer comment le passage prend racine dans la section qui le précède et comment il prépare la partie qui suit. Parfois l’arrangement est chronologique, parfois thématique, parfois logique, parfois par transfère psychologique (2 Co 6:13--6:14-7:1--7:2), parfois il s’agit d’une transition abrupte. Le fait de déterminer le genre littéraire est d’une grande aide.

  2. Le contexte du livre: Lorsque le livre est court, il faut le lire en détail et plusieurs fois. Il est bon de consulter des livres qui montrent le plan du livre biblique.

  3. Le but du livre ou le thème de base: Cela nous permet de limiter les sens possibles d’un texte (Lc 1:1-4; Jn 20:30-31; Jos 23:6; 24:24).

  4. Le plan du livre: Pour les livres plus grands, il y a deux éléments: la ligne de pensée générale du livre et la ligne de pensée de la section spécifique ou se trouve le texte.

  5. Des textes parallèles qui traitent le même sujet dans des livres écrits par le même auteur: Lorsqu’un écrivant parle d’un sujet plus d’une fois dans un livre, les autres textes peuvent aider à clarifier un texte obscure. Nous devons toujours nous assurer qu’il s’agisse de vrais parallèles.

  6. Les livres de différents auteurs dans le même testament : Les auteurs de l’AT (2000 ans entre le plus ancien et le plus recent) emploient l’hébreu (ou l’araméen) et réfléchissent avec une culture sémitique et israélite. Ils se concentrent sur la nation d’Israël comme peuple de Dieu, dans la fidélité à l’Éternel et aux prophéties des bénédictions futures. Les auteurs du NT (50 ans), par contraste, emploient le grec et vivent dans la culture hellénistique de l’empire romain. Ils vivent à l’époque des accomplissements messianiques et proclament le message de la grâce de Dieu obtenue par la mort et résurrection de Jésus.

  7. Les livres de différents auteurs dans l’autre testament. Les auteurs du NT connaissaient l’AT et l’emploient autant pour son langage que pour sa théologie (monothéisme, alliance, peuple de Dieu, expiation, péché, etc.) et façon de penser. Comme le français montre l’influence de la Bible, ainsi aussi le langage du NT reflète les expressions de la LXX. Bien que le NT n’ait pas influencé l’AT, les parallèles du NT à l’AT nous aident à avoir l’enseignement complet de la Bible sur un sujet et nous montrent les implications à plus long terme.

Le rôle de l’histoire

  • Les textes bibliques expriment aussi une façon de vivre, très différente de celle d’aujourd’hui.

  • La Bible est écrite pour des gens différents de nous et nous devons toujours avoir à l’esprit qu’il y a des différences de langage, de culture et de style de vie. Chaque passage de la Bible était adressé à des gens à une autre époque et à une autre place. Alors la bonne interprétation d’un passage biblique doit être en accord avec le contexte historico-culturel du passage.

  • Les auteurs de la Bible ont écrit leurs livres à des personnes spécifiques vivant à certaines places, concernant des circonstances particulières de leurs vies. Nous devons nous mettre à leur place et voir les choses de leur perspective. Ressentir l’impact émotionnel (ex. Lc 13:32).

  • Nous avons la responsabilité de contextualiser le message pour les gens de notre époque.

Le rôle de l’archéologie et la critique littéraire

  • Le maximalisme et le minimalisme. À notre époque, plusieurs savants non seulement mettent en doute l’historicité d’Adam et Ève ou d’Abraham ou des juges mais considèrent les récits sur David et Salomon comme des créations du période perse et hellénistique.

  • En général, les trouvailles archéologiques sont tellement fragmentaires que nous ne pouvons pas affirmer qu’un événement a eu lieu ou pas dans le passé, sans aucun doute raisonnable.

  • Nous ne devons pas chercher à coller absolument ce qui nous enseigne l’histoire générale avec ce qui nous raconte la Bible (2 P 1:16). L’histoire est basée sur le principe de cause-effet.

  • Toutes les méthodes historico-critiques n’ont pas la même valeur.

  • L’archéologie a prouvé à maintes reprises la certitude de la parole de Dieu.

L’analyse contextuelle et historique

A. Déterminer le milieu historique et culturel généraux de l'écrivain et de son public.

  1. Déterminer les circonstances historiques générales. (Quels sont les circonstances politiques, économiques et sociales? Quelle était la principale source de subsistance? Quelles étaient les principales menaces et préoccupations?

  2. Soyez conscient des circonstances et des normes culturelles qui donnent du sens à des actions données (valeurs, points de vu, structures sociales, climat, coutumes, pratiques religieuses).

  3. Quelle était la disposition spirituelle de l'audience?

B. Déterminer le but ou buts que l'auteur avait pour écrire son livre. Trois questions sont des guides utiles:

  1. Qui est l'auteur? Quelle était sa formation et son expérience spirituelle?

  2. À qui le texte a été écrit (par exemple, des croyants, des incroyants, des apostats, des croyants qui étaient en danger de devenir des apostats, ceux qu’il connaissait bien, des étrangers, un individu, un groupe)?

  3. Est-ce que l'écrivain indiquer explicitement ou implicitement son but (intention), en écrivant ce livre en particulier?

  4. Notez les déclarations explicites de phrases répétées.

  5. Respectez les sections parénétique.

  6. Respectez les sujets qui sont omis ou soulignés.

C. Comprendre comment le passage s'inscrit dans son contexte immédiat.

  1. Identifier les principaux blocs de matière dans le livre et montrer comment ils s'intègrent dans un ensemble cohérent.

  2. Montrer comment le passage examiné s'inscrit dans l'argument de l'auteur.

  3. Déterminer le point de vue que l'auteur a l'intention de communiquer: numénologique (la façon dont les choses sont vraiment) ou phénoménologique.

  4. Distinguer entre la vérité descriptive et normative.

  5. Distinguer les détails secondaires et l'enseignement du passage.

  6. Identifier la personne ou catégorie de personnes pour qui le passage particulier est destiné.

Le sens des mots

  • Le sens d’un mot dans un texte est le sens normal de ce mot ou mots dans le contexte où il se trouve.

  • Les mots sont des signes arbitraires. Nous devons chercher le sens d’un mot à l’époque où il a été employé et dans le contexte de son emploi.

  • Les mots ont un éventail de significations.

  • Le sens des mots se chevauchent.

  • Le sens des mots changent avec le temps.

  • Les mots ont un sens connotative et dénotative.

Comment étudier des mots bibliques ?

  1. Choisissez des mots qui ont besoin d’une analyse plus détaillé (mots pivot, répétitions, cas uniques, si les versions donnent de sens différents, etc.).

  2. Déterminer l’éventail de significations (cf. dictionnaires, concordances, LXX, etc.)

  3. Choisir le sens qui correspond le mieux au contexte (historique, culturel, littéraire, argumentatif, poétique, etc.).

Les relations de la structure grammaticale

  • Le sens des mots n’est pas tout, les gens communiquent en combinant des mots dans des larges unités. La grammaire consiste en deux éléments essentiels: la morphologie et la syntaxe.

  • La morphologie concerne la forme des mots individuels, comment les mots sont infléchies, pour indiquer leur fonction dans le langage (je sors, je sortais).

  • La syntaxe décrit le système de chaque langue a pour combiner ses divers constituants à fin de communiquer (la balle frappe Jean, Jean frappe la balle).

Comment découvrir les relations structurelles?

  1. Découvrir les divisions naturelles de la section (ex. l’histoire de Joseph Gn 37-50).

  2. Retracer la ligne de pensée (ex. Jac 1:2-8). En général la structure répond aux 6 questions journalistiques: qui, quoi, pourquoi, quand, où et comment.

  3. L’impact des verbes (Gn 1:5-31; Jb 1:15-19; Jg 16:6-15).

  4. La technique de narration: dialogues vs. description du narrateur; narration vs. Description; commentaire vs conclusion.

  5. Les caractères et les événements: L’intrigue et le dénuement.

  6. Le thème et les enseignements

Application du modèle en Néhémie 4-6:

La livre de Néhémie peux être divisé en:

  • Chapitres 1-7: Principes d’un leadership effectif

  • Chapitres 8-10: Principes d’un renouveau spirituel

  • Chapitres 11-13: Principes d’une excellence dédié

Les chapitres 4-6 peuvent être organisés ainsi:

  • Chapitre 4 : opposition à la reconstruction

  • Chapitre 5: opposition aux pauvres

  • Chapitre 6: piège au leader

Puisqu’il s’agit toujours de faire obstacle au travail de Dieu pour reconstruire le mur de Jérusalem, on peut organiser aussi ainsi :

  • Chapitre 4 : Obstruer l’œuvre de Dieu par la violence

  • Chapitre 5 : Obstruer l’œuvre de Dieu par la pression interne

  • Chapitre 6 : Obstruer l’œuvre de Dieu en piégeant le leader

L’emploi de l’AT dans le NT

  1. Les premiers chrétiens ont lu l’AT à la lumière de la nouvelle alliance inauguré par Jésus-Christ.

  2. Ils considéraient l’AT comme très important. Sans l’AT, le NT aurait très peu de sens.

  3. Ils considéraient que le NT accomplissait les prophéties annoncés dans l’AT. L’AT et le NT sont deux parties d’un seul ensemble.

  4. Le message du NT n’est pas plus grand ou moindre que celui de l’AT.

  5. La typologie est une méthode légitime pour comprendre le lien entre l’AT et le NT.